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06 Oct

ENTRETIEN AVEC SYLVAIN DURAIN AUTOUR DE SON PROCHAIN LIVRE

Publié par pikkendorff  - Catégories :  #Politique-Société, #Actualité, #Histoire-Culture, #Littérature, #Religion

Nous recevons Sylvain Durain pour un entretien autour de son nouveau livre (à paraître en 2018)

Propos recueillis par Didier BRUNO

Sylvain Durain, je vais tenter de présenter rapidement vos activités à nos lecteurs : Vous êtes réalisateur de cinéma, écrivain conférencier, chef d'entreprise, président fondateur d'une association d'édition et de production indépendante. Ajoutons à cela que vous avez été intervenant auprès de l'université de Lorraine, que vous avez été journaliste sportif, que vous êtes un grand voyageur et que vous poursuivez des études en préparant une thèse de doctorat. Ma question est la suivante : quel age avez vous donc ?... et quel a été votre cursus ?

 

Bonjour Didier, j'ai 33 ans et mon cursus est assez simple pour un homme de ma génération. J'ai passé mon bac, puis suivi des études supérieures en journalisme et cinéma dans ma ville natale de Nancy pendant lesquelles j'ai travaillé à l'Est Républicain dans la section sport, et c'est vrai que j'ai également réalisé quelques reportages sportifs pour quelques événements ou sites internet. C'était le moyen pour moi de payer mon loyer, de m’aguerrir dans la réalisation tout en côtoyant un milieu qui m'intéressait à l'époque, à savoir le monde du sport en général et du journalisme.

 

J'ai commencé la réalisation de documentaires à la sortie des études. Je ne voulais pas m'enterrer dans des bureaux et j'ai décidé rapidement d'allier voyages et réalisations. Sans trop savoir où cela me mènerait, j'ai commencé par réaliser avec mes amis de Cinequaprod quelques documentaires en Afrique sur des questions politiques et sociales, mais aussi en Grèce sur la crise économique, morale et spirituelle, puis dernièrement en solitaire en Syrie sur la question épineuse des Chrétiens d'orient. Je tourne également dans plusieurs villes de France depuis bientôt 2 ans avec mon documentaire « Le Sang du Père », qui traite de la mort de la figure paternelle et de ses conséquences dans la société. Ces deux derniers documentaires ont touché juste puisqu'ils m'ont valu de nombreux compliments d'un côté et plusieurs problèmes de l'autre. Vous parliez de mon doctorat en cinéma que j'ai dû stopper suite à une discrimination à l'embauche de la part de l'école de cinéma de Nancy dans laquelle je donnais quelques cours. Cela m'a confirmé tout le bien à penser du monde universitaire en France. Je peux en parler sans mal puisque la justice m'a donné raison : http://www.ici-c-nancy.fr/lorraine/item/12814-l-universite-de-lorraine-condamnee-pour-discrimination.html

 

Ces films et ce parcours ne seraient pas possible sans une volonté d'indépendance économique. C'est pour cela que j'ai compris assez vite qu'il me faudrait créer moi-même mon travail par la création de mon entreprise. L'occasion d'allier cette fois réalisation et économie. Sans cela, je n'aurais certainement pas pu défendre mes droits devant la justice. J'ai eu la chance d'avoir un avocat dévoué à la cause et qui a fait un travail extraordinaire et n'a pas eu peur du mastodonte. Cette caste bien installée dans son fauteuil en cuir se pense intouchable. N'étant pas le seul dans cette situation, je peux lancer un message : Battez-vous.

Sylvain DURAIN

Exprimé comme ceci vous pourriez paraître comme un « touche-à-tout » Pourtant, lorsque l'on regarde de plus prêt vos activités, on se rend compte qu'il y a un fil directeur qui dépasse largement le simple carriérisme et que vous êtes un homme militant, indépendant et engagé. Voulez vous nous en dire un peu plus ?

 

Il est vrai que d'un point de vue extérieur cela pourrait être le cas mais je suis tout sauf un touche-à-tout. Même si potentiellement tout m'intéresse, cette expression insinue un côté inachevé et un manque d'implication. C'est au contraire le fil conducteur dont vous parlez qui m'a mené à m'intéresser à tous les sujets tournants autour de ma question centrale : la place du père dans la société, son rôle et son histoire. C'est cette question qui m'a fait sortir de ma prédilection pour le cinéma pour m'amener vers l'anthropologie fondamentale. Un passage difficile à faire accepter à la bien-pensance française qui demande et exige des « spécialistes » dans chaque discipline. « Spécialistes » qui ne font que rabâcher les éternels poncifs de la redite universitaire. C'est René Girard, passé du monde littéraire à celui de l'analyse anthropologique, qui m'a émancipé de cette vision. Malheureusement, nous ne vivons pas à la même époque et pour continuer à travailler nous devons emprunter des chemins de traverses. Conditions difficiles, mais c'est le prix de la liberté.

 

Ni « touche-à-tout » donc, et ni militant. Je me méfie en réalité du militantisme, je ne l'ai jamais été et ne le serai jamais. Toujours ce besoin de liberté sans doute. Sans être engagé nul part, je pense être sur un chemin de combat pour la France historique et réelle c'est-à-dire la France chrétienne et ce presque malgré moi. Mon travail et ma vie m'ont mené presque naturellement vers la religion et vers le Christ, que j'avais abandonné il y a bien longtemps. Le Bon Dieu laisse, malgré nos trahisons et nos erreurs, une porte d'entrée adaptée à chacun. Pour certains ce sont la beauté des Cathédrales, pour d'autres, les chants magnifiques des églises, pour moi cela aura été le travail et la réflexion. J'y suis revenu par la tête. Nombreux sont ceux qui font des hiérarchies dans la foi, ce serait vouloir pénétrer ce qui est impénétrable. Et quoi de plus moderne que de séparer la tête du cœur ?

 

Pour revenir à votre question, il est clair que si le carriérisme m'habitait j'aurais plutôt réalisé des films sur la place des femmes dans l'écologie mondiale ou sur l'intégration des minorités dans des populations blanches d'extrême droite. Dommage pour moi.

 

C'est bien ainsi que j'entendais les choses. Le terme militant n'a pas comme acception que la seule désignation d'un membre de base d'un parti politique ou d'un syndicat mais aussi celle-ci « Qui agit pour faire reconnaître ses idées, pour les faire triompher »  

 

Là je peux vous suivre en effet !

 

Nous vous avons découvert à travers votre film-documentaire.  « Le sang du père ». Mais ce n'était pas la première fois que vous abordiez ce thème puisque vous avez publié un essai éponyme en 2012 et auparavant en 2008 Le Sang du Père, un meurtre cinématographique. C'est également autour du thème du père que s’articulera votre nouvel ouvrage.

Avant de nous pencher sur cette nouvelle approche, pouvez vous nous en dire plus sur l'origine de cet intérêt que vous portez à cette question – certes essentielle – mais si peu abordée dans le monde intellectuel d'aujourd'hui ?

 

Ce documentaire a eu un bel impact dans le milieu de ce que l'on nommait « la dissidence », j'en suis ravi, mais j'ai quand même le regret de ne pas avoir pu toucher des couches sociales plus implantées. La censure, l'annulation de salle etc se sont rajoutés à la paresse dont nous faisons preuve parfois. « Cette graisse autour du cœur » comme disait Brel, qui empêche d'aller voir au delà de ses convictions, au delà du poste de télévision.

 

L'origine de mon intérêt pour la question est assez ancien et m'a habité toute ma vie puisqu'il date de la cour maternelle de mon enfance. J'ai senti très rapidement, comme une intuition pressante, que le problème majeur de la plupart de mes camarades était l'absence de leur père. J'en ai eu confirmation en travaillant dans le monde scolaire dans des collèges et lycée. Si vous creusez l'histoire familiale d'un jeune en détresse vous trouverez dans une extrême majorité des cas l'absence du père. Et quand le père est présent, il est souvent « manquant ». Voilà qui n'est pas très scientifique, ni très universitaire : une intuition. Je ne pensais pas que cette intuition m’emmènerait aussi loin et serait aujourd'hui quelque chose de tout à fait scientifiquement montrable.

 

Plus tard, j'ai retravaillé et étayé mon travail universitaire de fin d'étude pour en faire un livre qui s'intitule

« Le Sang du Père, un meurtre cinématographique ». Il traite de la mort de la figure paternelle

à travers le cinéma. Un bon moyen de prendre exemple sur des films et de montrer en quoi le cinéma devance parfois la réalité, la prépare, et la nourrit. Je me suis attardé plus particulièrement sur le cinéma de Jacques Audiard, si différent de celui de son père dans la forme, mais pas tant sur le fond. Que montre par exemple «  Les Tontons Flingueurs » si ce n'est la perdition de la figure du père, dépassée par la modernité, reclus dans la cuisine à boire le passé, à se demander s'ils ont la pomme ou non, pendant que la jeunesse se « mondialise » dans le salon ?

 

« L'Histoire du Père, une anthropologie fondamentale

Du matriarcat sacrificiel au patriarcat catholique ». est donc le titre de votre prochain livre.

Tout d'abord, pouvez vous expliciter ce titre pour nos lecteurs ?

 

Il faut noter que ce titre est provisoire, je verrai avec mon futur éditeur pour le confirmer.

 

L'Histoire du Père pour commencer, cela veut dire que je vais traiter de l'histoire de la figure paternelle. Pour cela, je devrai ramener le lecteur aux communautés primitives dans lesquelles le père tel que nous le connaissons n'existe pas. Le rôle de père, sa fonction et son statut étaient étrangers au mode de fonctionnement des premières communautés humaines. Nous étions dans un système matriarcal, dans lequel le père n'était en réalité perçu que comme un rapport, comme une relation. Par exemple, chez les Papou-mélanésiens, on nomme cet homme mâle « tama » ce qui renvoie directement à « une foule d'expérience liées à la prime enfance et exprimant le sentiment qui caractérise le lien entre le jeune être et un homme mature qui l'aime ». L'homme en tant que père, en tant qu'individu ne comporte pas d'intérêt, seule la relation importe. Nous pourrions rajouter que, comme tout système matriarcal qui se respecte, ce lien ne touche pas forcément le géniteur mais simplement celui qui reste en relation avec la mère et/ou au sein de la maisonnée.

 

Je parcourrai donc l'évolution de cette figure dans l'histoire, du « tama » au père d'aujourd'hui. Je montrerai d'ailleurs en quoi le père moderne semble se rapprocher de plus en plus au « tama » soit pas démission, soit par attaques successives au sein de la société.

 

Ensuite il faut expliquer ce que signifie « une anthropologie fondamentale » car cela peut paraître un peu flou ou inaccessible. Il s'agit d'aborder mon sujet dans sa globalité et de pratiquer une approche pluridisciplinaire. La définition de l'anthropologie fondamentale que nous pourrions trouver est la suivante : « une méthode qui utilise des disciplines aussi variées que l'anthropologie, la biophysique, la sociologie, la neurologie, l'éthologie, la médecine, la biologie moléculaire, la psychiatrie, la psychologie, l'histoire, l'hémotypologie, les mathématiques et la linguistique. »

 

Le sous-titre ne doit également pas faire peur au futur lecteur. Le « matriarcat sacrificiel » va conceptualiser tout ce qu'il y a de communs entre toutes les religions, mythologies et modes de vies connues. J'expliquerai dans le livre que la grande majorité des systèmes de civilisations se base sur les principes matriarcaux tels que : la vision cyclique de l'histoire, le double mimétique, l'indifférenciation généralisée, l'absence ou le manque du père, la violence voire l'ultra violence. Ce concept permettra, selon moi, de comprendre enfin pourquoi notre monde ne peut pas être autre chose que violent, et que le cycle violent ne s'arrêtera qu'au prochain sacrifice de taille pour mener vers un monde nouveau.

 

Le « patriarcat catholique » sonnera comme une réponse, comme l'antidote au mouvement que nous venons de décrire. Il brise les cycles, il différencie, il annihile la violence, il sort du fameux « ordo ab chaos ». Pourquoi catholique ? Parce qu'il n'y a que le catholicisme qui a proposé cette vision différente du monde. Je m'appuierai bien entendu sur des chercheurs connus et reconnus, mais aussi sur les textes sacrés. Ainsi, tout le monde connaît les versets suivants : « N'allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais bien le glaive. », ce qui peut faire passer, pour le novice, la religion du Christ comme une volonté de violence. Mais tout le monde oublie la suite : « Oui, je suis venu séparer l'homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa maison ». Ce concept de « matriarcat sacrificiel » me donne la possibilité de comprendre ces versets d'une manière un peu différente. Le Christ pose ici l'antidote au principe d'indifférenciation, au « double bind » et aux cycles, des éléments de base de ce que René Girard appelle « la crise sacrificielle » et qui mène les sociétés dans la violence. En différenciant les individus, en les séparant au sein même de la famille, le Christ met fin aux cycles de la violence familiale, donc au cycle de la violence tout court. Le père retrouve ainsi sa place. Car c'est bien le Père l’antidote suprême au Mondialisme.

 

Je reviens sur votre approche pluridisciplinaire de la question. C'est une démarche très intéressante. J'avais lu il y a environ quinze ans un ouvrage d'Helen Fisher procédant de cette méthode -sur un sujet différent, certes , mais qui recoupe partiellement le vôtre puisqu'il s'agit du couple. Il est vrai que cela jette sur le sujet abordé des lumières nouvelles. Mais j'imagine que cela demande un énorme travail de recherche et de documentation... Pouvez-vous nous donner une idée des auteurs et des sources que vous avez consultés ?

 

Les auteurs et les références sont nombreuses et il me sera impossible de tous les citer. Pour les plus marquants et ceux qui m'ont le plus inspiré je citerai en premier lieu René Girard qui a eu un rôle prépondérant à la fois pour ma grille de lecture mais aussi dans ma démarche de recherche. Je reprends à mon compte sa fulgurante analyse du bouc émissaire et la prolonge avec mon concept du matriarcat sacrificiel qui lui est directement dédié. Sans ses livres, sans doute n'aurais-je jamais pu le mettre en place.

 

L'historien Michel Rouche et ses analyses sur la famille à travers le Moyen-âge m'ont beaucoup apporté également. Je pense notamment à son livre « la petite histoire du couple » qui, malgré son titre un peu léger, donne du grain à moudre à ma théorie sur le rapprochement entre matriarcat et violence puisqu'il décrit des mondes où le féminin, par le culte du héros, devient un continuateur de conflit. Parfois même une source de guerre. A ce propos, je constate également qu'Emmanuel Todd dans son dernier livre « Où en sommes nous maintenant » se pose la question d'une possible arrivée du pouvoir matriarcal en France et ne comprend pas par exemple pourquoi la violence n'y disparaît pas. Mais le matriarcat, c'est la violence. Ce sera, je l'espère, l'apport de mon livre aux sciences sociales, pouvoir expliquer qu'il ne faut pas partir de la place des femmes et des minorités pour déduire la grandeur ou le progrès d'une civilisation, mais plutôt étudier la place du père. Plus le père est absent, manquant, plus les familles monoparentales abondent (couple mère-enfant dans 85% des cas1) et plus les sociétés sont violentes. Non seulement la violence et les sacrifices sont de retours, mais la porte semble ouverte pour les « avancées » telles que la mariage pour tous, la PMA sans père, ou encore la marchandisation des fœtus par la GPA.

 

A titre d'exemple, beaucoup se demande comment les allemands ont pu laisser leur pays partir vers le chemin de l'immigration de masse, du mariage homosexuel etc car personne ne regarde la réalité par ce prisme de la place du père. L'Allemagne est devenue une société dirigée par les femmes, une société « femellisée » et dans laquelle l'homme ne joue plus son rôle de père. Il « bourdonne » comme dirait Cyrulnik. Il était donc envisageable, voire même quasi certain, que les allemands finiraient par emprunter cette voie. Et que l'on ne me parle pas des prétendus nazis qui viennent de s'installer en masse dans le parlement allemand, leur rôle objectif est le maintien du pouvoir en place par une canalisation des frustrations.

 

La France, comme le reste de l'Europe septentrionale, se caractérise par un taux relativement élevé de familles monoparentales (de 15 % à 25 % et ce qu’Irène Théry [1993] appelait le « démariage », qui se traduit à la fois par la diffusion de la cohabitation des couples non mariés, des naissances hors mariage et par la banalisation du divorce. La morphologie des familles monoparentales reflète cette fragilisation, relativement ancienne, de l’institution matrimoniale puisque les deux catégories des « mères jamais mariées sans maternité précoce » et des « mères divorcées » sont particulièrement représentées dans ce premier groupe de pays. Bien sûr, les pères « manquants » ne font partie d'aucune étude statistique (mais sont très bien décrits dans le livre de Corneau « Père manquant, fils manqué »).

 

Comme dernier exemple, car je ne peux pas tout dire, nous pouvions programmer l'arrivée de la révolution française uniquement en étudiant les modes de transmissions dans les familles françaises. La réapparition de la tanistry directe ou indirecte (vieux concept matriarcal) montrait à quel point le rôle du père allait s'amoindrir quand ces premiers fils à qui l'on donnait sa part d'héritage de manière égalitaire allaient eux aussi devoir devenir père. Il était évident que le pouvoir symbolique du Roi, lieutenant du Christ, ne pourrait s'appuyer davantage sur une anthropologie réelle lui correspondant. La révolution n'est arrivée que lorsqu'elle était possible qu'elle arriva, « les temps étaient mûrs » comme dirait Pierre Hillard.. On est presque dans le théorème de Murphy « tout ce qui peut arriver va arriver », principe anti-chrétien par excellence. Je ne vais pas aller plus loin pour l'instant !

 

Toujours est-il que cette grille de lecture peut permettre d'anticiper les avancées de certaines lois, et l'arrivée de certains pouvoirs. « Détruisez le père, et tout devient possible » semble nous dire l'étude des systèmes familiaux. Prenons conscience que la souffrance ouvrière des années Thatcher en Angleterre vient après une décennie entière d'augmentation du nombre de familles monoparentales anglaises. Ce n'est, certes, qu'un élément d'explication, mais tout ne part-il pas de la famille ? Religion, philosophie et … économie ?

 

Pour revenir à votre question et à René Girard, il m'a permis de proposer une analyse un peu différente de Daech qui ramène, selon notre grille de lecture, du sacrifice dans nos sociétés anciennement patriarcale. Ces sacrifices perturbent un monde en état de crise sacrificielle, c'est à dire d'indifférenciation généralisée. Ces sacrifices auront comme conséquence, selon la célèbre expression de l'ordo ab chaos, de sortir un nouvel ordre après les désordres. La société est en demande de différenciation, tout ne peut être égal à tout très longtemps dans la nature humaine. Seulement ce nouvel ordre amènera lui-même d'autres sacrifices jusqu'à un dernier ordre final qui devrait ressembler à ce que certains appellent la République Universelle.

 

Pour les références je renvoie à la vidéo de présentation de Ulule, et je pense refaire des vidéos d'ici la fin du financement.

 

Comment situez vous votre livre dans cette littérature ? A ma connaissance, si le sujet du père depuis un peu plus d'un siècle a été abordé sur le plan psychologique et sociologique, essentiellement pour décrire la « crise du père dans le monde moderne » il n'a pas fait l'objet d'une étude spécifique approfondie.

 

L'apport que j'espère amener par rapport aux travaux habituels sur la question c'est d'abord de redéfinir ce qu'est le matriarcat d'un côté, et le patriarcat de l'autre. Il règne une confusion dans le milieu scientifique et universitaire sur ces questions. Le monde patriarcal n'est pas un monde autoritaire, violent, et libéral et le monde matriarcal n'est pas le paradis sur terre. N'en déplaise à la bien-pensance actuelle. Quand j'entends dire que l'Islam est un monde patriarcal ou encore que la République fait preuve d'autorité patriarcale sur les banlieues, je tombe désormais systématiquement de ma chaise. Et cela commence à faire mal.

 

Vous dîtes à juste titre que l'on parle de « la crise du père dans le monde moderne », comme si le père se retrouvait là par hasard dans un monde qui ne lui convenait plus. En réalité c'est l'inverse, c'est l'affaiblissement du père qui a permis le monde moderne, et c'est le monde moderne qui ne veut pas du père pour continuer son cycle sacrificiel.

1Dossier INSEE sur l'évolution des familles mono-parentales en Europe de 2015

 

Par contre de nombreuses études ont été consacrées à l'histoire de la famille – du moins depuis l'antiquité latine et ont bien entendu abordé de ce fait le père. Ce n'est pas l'angle que vous avez choisi. Mais peut-on vraiment isoler l'étude du père de celle de la famille ?

 

On ne le peut pas vous avez raison et il ne s'agira pas pour moi de l'en séparer. Mais je montrerai que le père de famille avec un petit « p » n'est père que s'il répond entièrement aux principes du Père avec un grand « P ». Un père qui ne suit pas le chemin du Père, ne peut donc pas être appelé comme tel.

 

Comme je l'avais annoncé dans ma vidéo de présentation, je compte remettre la religion et la foi au cœur du travail scientifique. Tout ne s'explique pas par l'économie ou les cours de la bourse. Ces derniers ne sont que des conséquences de choix religieux, et la République en est une, qui nous mènent vers des chemins pas si inconnus que cela. Je montrerai qu'en réalité nous retournons vers les anciens mondes primitifs et matriarcaux.

 

 

Finalement, en simplifiant à l’extrême, ne pourrait-on pas dire que votre ouvrage décrit la symbolique du père ?

 

Il y aura un peu de ça oui. Notamment pour décrire les communautés primitives, les grandes civilisations disparues ou encore la question de l'Islam et du Judaïsme, j'utiliserai les symboles portés par ses systèmes dans mes analyses. La partie sur la Cabale sera assez riche de ce point de vue avec les éléments apportés par Gershom Scholem notamment.

 

Le cas de Sumer est également assez intéressant puisque vous avez la présence d'une première divinité nommée Tiamat qui signifie Ti (la vie) Ama (la mère). Cette période décrit un monde fait d'eaux salées et d'océans dans lequel règne le chaos. Plus tard, une divinité masculine apparaît du nom de Marduck, elle va finir par séparer les eaux du ciel et remettre l'ordre en marche. Nous voyons ici un bel exemple de la symbolique du « ordo ab chaos », l'ordre vient du désordre.

 

Quand Aldo Naouri écrit son livre « une place pour le père » c'est essentiellement au sein de la famille qu'il revendique cette place. Votre livre n'est il pas un plaidoyer pour que la père retrouve sa place plus largement dans la société ? C'est bien, du reste, celle qu'occupait le roi de France.

 

Tout à fait. Sans faire de plaidoyer, je montrerai qu'il ne sert à rien de combattre ou de manifester dans la rue contre telle ou telle loi si la verticalité n'est déjà pas présente dans le foyer. Si la mère est la reine du foyer, le père en est le garant devant l'éternité. Chaque famille, c'est un peu un fragment de la nation. Rendez les bancales et la nation est à portée de main. Être père dans la famille, c'est par conséquent être actif et combattant dans la société.

 

 

 

Le tableau de l'image du père en ce début de XXIème siècle n'est, il faut bien l'avouer guère rassurant. Comment voyez vous l'avenir et les chances pour le père de retrouver pleinement sa place ?

 

Je pense que cette place est à rénover. Il ne s'agit pas de copier nos anciens mais de s'en inspirer pour une rénovation bienveillante. J'insiste tout de même sur le fait que cette rénovation n'est pas une révolution et qu'elle n'aura lieu que par le truchement d'un retour au Christ.

 

« Le père de famille, le grand aventurier des temps modernes ». C'est ainsi que Charles Péguy définissait le père. Et vous, Sylvain, êtes-vous prêt à entrer dans l’aventure et quel père rêvez vous d'être ? (Question posée par un père de huit enfants...)

 

Je terminais justement mon livre « Le Sang du père, un meurtre cinématographique » par cette phrase de Péguy : Moi qui suit un peu un aventurier par mes voyages et mes créations, il est temps de vivre la plus belle des aventures.

 

 

 

Pour terminer, pourquoi lancez-vous un financement participatif via ulule pour l'écriture de ce livre, et en quoi consiste-t-il ?

 

Pour écrire un tel ouvrage il me faut énormément de temps, chose dont je ne dispose plus avec le développement de mes entreprises. Si ce financement va à son terme, je pourrai faire une pause pendant l'hiver dans certains pans de mes activités et, ainsi, me concentrer exclusivement à la rédaction de l'ouvrage. La bibliographie et les notes sont quasiment terminées, il me faut maintenant un coup de pouce final.

 

Ce financement ne consiste en aucun cas à une demande de don. Je propose simplement à 200 personnes intéressés par ces sujets ou désireux de me soutenir, de pré-commander leur livre pour un prix de 20 euros, frais de port inclus pour la France métropolitaine.

 

Pour découvrir la page dédiée au projet : https://fr.ulule.com/histoire-pere/

 

Merci Didier pour cette tribune que vous m'offrez, nous nous reverrons prochainement pour une prochaine conférence.

 

 

 

 

Tournage en Syrie

(Chrétiens d'Orient)

 

 

 

 

 

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